Interview de David Chelly  

David Chelly est un spécialiste reconnu des noms de domaines. En autres, il a co-fondé la plateforme de noms de domaines expirés Domstocks et est l’un des organisateur du NDDCamp. Il réside depuis plus de 15 ans à Valence en Espagne, et a accepté de nous raconter, à travers une interview, son expérience.

Par Eva Pelletier, publié le 06/06/2019

Au sein du NDDCamp, sur 40 intervenants dans le secteur technologique, vous êtes 3 à avoir immigré à valence. Y a-t-il des opportunités particulières là-bas ?

Ce n’est pas une raison professionnelle, qui m’a poussé à partir. Trouver du travail là-bas ou des opportunités professionnelles n’est pas facile. Nous, on a déjà un travail que l’on peut faire de là où l’on veut, c’est pour ça que ça marche. La plupart de ceux qui y sont, ont des clients en France ou dans d’autres pays. Valence c’est plutôt un choix pour une qualité de vie. Aujourd’hui, on dit qu’il y a aura Microsoft ou Tesla qui vont venir, mais les Espagnols racontent beaucoup de choses. Il n’y a pas de travail à Valence.

Pourquoi avoir fait le choix de quitter l’hexagone pour l’Espagne ?

J’ai toujours voyagé, je ne suis jamais vraiment resté en France. À Valence, il y a un climat agréable et la qualité de vie est bonne. On est parti en pensant qu’en France, il serait dur pour trouver du travail, et qu’on allait trouver un pays plus dynamique. Sur ce point-là, on s’est trompé, l’Espagne est sympathique, mais pas vraiment dynamique. Par contre, il y a quinze ans il y avait une forte croissance en Espagne, et donc c’est sur une erreur qu’on a pris notre décision de partir.

On a d’abord choisi Valence car on nous avait dit que c’était une belle ville, qu’il y aurait aussi du soleil, en résumé moins cher et plus agréable que Madrid. On a fait le test et l’on a comparé les deux : Valence avait les caractéristiques qu’on cherchait, ça nous a davantage convenu que Madrid. Et à Madrid, il n’y a pas la mer, il fait très chaud l’été, un peu froid l’hiver…

Quels sont les avantages de posséder son entreprise en Espagne plutôt qu’en France ?

Dans ma branche, en tout cas dans l’Internet, il y a beaucoup de contraintes en France : même pour des petits montants, beaucoup de justifications à faire, alors que les Espagnoles sont beaucoup moins formalistes. On paye nos impôts sans avoir besoin de donner le détail. C’est peut-être un peu moins cher, mais ça ne joue pas autant que de pouvoir dormir sur ses deux oreilles, sans être ennuyé par la réglementation française.

Comment votre entreprise a-t-elle évolué depuis votre départ ?

Nous, c’est une toute petite activité et finalement le fait d’être à Valence ou n’importe où ailleurs, n’y a rien changé. Il y a eu des hauts et des bas, en quinze ans, donc cyclique. En ce moment, ça se passe bien, mais ça n’a rien à voir avec Valence. Notre activité est très liée avec le marché français, puisque nous travaillons seulement avec la France.

Avez-vous songé à élargir votre marché en Espagne ?

Oui, on y a déjà pensé, mais c’est plus compliqué. Le pouvoir d’achat et les manières de travailler ne sont pas, dans notre secteur, aussi incitatifs que sur d’autres marchés. Donc on a préféré ne pas le faire. On travaille sur quelques autres pays, mais en tout cas, pas avec l’Espagne.

Songez-vous à travailler avec les 3 autres intervenants vivants à valence ?

Oui, on se connaissait avant, on travaillait déjà ensemble. Mais le fait d’être à proximité, après leur déménagement, a facilité les choses.

La seule difficulté, c’était l’adaptation des enfants. Des choses qui  relèvent finalement de la vie pratique. Tout se passe bien sinon. La culture est différente, donc il faut un tout petit peu de temps pour s’adapter, mais ça n’a duré que quelques mois, à peine.

La langue a-t-elle été un obstacle à franchir pour vous ?

Non, même si je parle très mal.

Avez-vous une anecdote à nous raconter sur votre arrivée à valence ?

Je suis resté assez longtemps à penser que les Espagnols n’étaient pas faciles d’accès. Je suis arrivé dans un quartier avec des gens aisés, mais finalement les Espagnols sont très accueillants, très sympas, sauf peut-être les plus aisés étrangement. Ainsi, le quartier que je fréquentais, ainsi que l’école de mes enfants reflétaient une image qui ne correspondait pas aux gens que l’on voit tous les jours et qui sont adorables. Les premières années j’aimais bien le climat, mais pas spécialement les gens. Aujourd’hui j’adore les Espagnols.

C’est très calme, on a une qualité de vie qui fait que l’on se sent bien. Le soleil nous fait beaucoup de bien, donc il n’y a rien qui peut m’énerver. Les effets sont très positifs sur notre qualité de vie.

Si on vous demandait de recommencer, vous referiez le choix de partir ?

Oui, absolument. Il n’y a rien à regretter.