Interview de Jean François Poussard, expatrié en Espagne

Jean François Poussard, 37 ans est à la tête de la société Solidnames. Sa particularité, c’est qu’il a décidé de quitter la France pour vivre à Valence. Aujourd’hui, de plus en plus de Français rejoignent cette ville. Afin de comprendre ce phénomène, Jean François Poussard a accepté de répondre à nos questions à l’occasion du NDDCamp, où il est invité à intervenir.

Par Eva Pelletier, publié le 06/06/2019

Sur les 30 intervenants du NDDCamp issus du secteur technologique et digital, vous êtes 3 à avoir immigré à Valence. Y a-t-il des opportunités en particulier là-bas… ?

Pour ma part, c’est un choix de vie qui a été dicté par ma vie personnelle. Ma compagne, que j’ai rencontrée à bordeaux, il y a cinq ans, est de Valence. On a donc décidé de quitter Bordeaux pour aller s’installer là-bas. On a aussi eu la naissance de deux petits garçons, qui sont arrivés en décembre, donc c’était aussi l’occasion de se rapprocher de sa famille, et avoir l’aide logistique pour s’occuper des deux petits gars, parce que des jumeaux, c’est assez prenant. Comme ça, ils grandissent dans un cadre sympathique, et surtout au soleil. Pour travailler aussi c’est un cadre de vie agréable, le fait de pouvoir travailler à domicile pour gérer les clients ne pose pas de difficulté. Il faut juste s’organiser quand on revient en France pour pouvoir rencontrer physiquement le client.

Depuis quand résidez-vous en Espagne ? 

Cela fait presque un an aujourd’hui que j’habite à Valence.

Pourquoi Valence et pas Madrid par exemple ? 

Dans un premier temps, pour ma compagne. Mais c’est aussi parce que nous avions eu l’occasion de nous rendre à Valence pour des visites, et ça nous avait vraiment beaucoup plu. Valence, c’est un très bon compromis : il y a la mer juste à côté et les montagnes aussi. Notre quartier est vraiment très sympathique : nous avons la cité des sciences, le parc de Touria… Et le fait d’être à 20 minutes à pieds de la plage, c’est quand même un point non négligeable. Pour moi qui fais beaucoup de vélo, il y a des parcours très agréables. Donc Valence, c’est un très bon compromis, c’est une grande ville, mais qui reste agréable, avec beaucoup moins de touristes qu’à Barcelone ou à Madrid, et le climat y est aussi plus agréable, sans pour autant nous forcer à subir des chaleurs extrêmes comme à Séville.

Comment votre entreprise a-t-elle évoluée depuis votre départ ? 

Je constate une évolution positive. On a pris nos locaux, donc le siège de notre société est à Bordeaux. Nous avons acheté ces locaux l’année dernière avec mon associé donc au bout de la deuxième année de l’entreprise. Et puis, coup de chance, il y a une ligne directe Valence-Bordeaux qui s’est créée en même temps l’année dernière. Pour venir travailler en France, c’est donc très pratique. Dans les locaux on a aménagé un espace privé pour que je puisse y dormir quand je viens. L’organisation type, c’est de venir une fois par mois les clients à Bordeaux, ensuite je remonte à Paris en train, puis finalement je rentre à Valence.

Comment a réagi votre associé lorsque vous leur avez annoncé votre départ de la France ?

Je lui en avais déjà parlé en amont, et le fait que nous ne soyons que deux a grandement facilité ma démarche. J’en ai parlé à Antony et il m’a dit « fonce ». Le fait de se voir souvent permet d’organiser, et de prioriser nos missions. Aussi, le fait de ne pas travailler côte à côte nous permet d’apprendre à nous solliciter l’un l’autre uniquement en cas de  nécessité : par ce biais, on gagne en efficacité.

Avez-vous songé à élargir votre marché en Espagne ?

Non, pas pour l’instant. On a la chance d’être sur une dynamique très positive et nos clients sont essentiellement français. Même si on fait 20% de notre chiffre d’affaires à l’export, ce sera plutôt avec des pays comme les Pays-Bas, le Royaume-Unis ou la Suisse que nous nous projetons. Pour l’instant, on ne s’est pas vraiment intéressé au marché espagnol. On y viendra peut-être au fur à mesure de la structuration de la société.

Avez-vous rencontré des difficultés particulières depuis votre arrivée en Espagne ? 

Oui, au niveau notarial, pour acheter une maison. Les démarches sont beaucoup moins strictes qu’en France, donc beaucoup moins rassurantes. Quand j’ai vendu mon appartement à Bordeaux, le compromis de vente faisait au moins une dizaine de pages. À Valence, mon document, lorsque j’ai acheté, n'en faisait que six. Au niveau des contrôles,  tout est beaucoup plus souple et ça peut être parfois inquiétant. Dès que quelqu’un nous dit «no te preoccupes » qui signifie, « ne t’inquiètes pas », c’est là que je commence à m’inquiéter parce que je sais que ça veut dire qu’il va y avoir des problèmes. Il est certain que sur le côté administratif c’est beaucoup moins carré qu’en France, et parfois cela peut être déstabilisant pour quelqu’un qui a l’habitude de cette rigueur à la française.

La langue a-t-elle été un obstacle à franchir pour vous ?

À Valence, c’est assez particulier, car même s’ils parlent l’Espagnole qu’on apprend à l’école, ils « switch » souvent de l’espagnol au valencien. C’est un peu déroutant, surtout quand on essaye d’apprendre l’Espagnol. Et le débit de parole des Valenciens est très rapide.

Quels changements avez-vous remarqués sur votre quotidien depuis votre arrivée à valence ? 

Et bien j’ai bronzé ! (Rires) Non plus sérieusement, c’est vrai que j’ai bien ressenti le changement physique puisque j’ai maigri : j’ai perdu 10kg en un an.

Si on vous demandait de recommencer, referiez-vous le choix de partir ?

Oui, totalement c’est une ville que je recommande  à tous les Français qui s’intéressent à l’Espagne. Allez-y ne serait-ce que pour un week-end et allez vous baladez, à la cité des sciences, ou à la vieille ville… Regardez ce qu’il y a autour, c’est vraiment bien. Et il y a vraiment de belles opportunités dans la région.